Avec
ses navires ballottés sur la mer en
furie, ses tempêtes, le disque flamboyant
de son soleil couchant ou l'empourprement
des nuages, l'artiste anglais a peint
avant les impressionnistes les caprices
de la nature. Ils lui reprochaient
son romantisme exacerbé, mais il fut
pour eux un guide de lumière.
Paysagiste
influencé par Claude Lorrain. Il tendit
surtout après ses voyages en Italie
(1819-1828) à dissoudre les formes
dans le frémissement de l'atmosphère
et de la lumière.
Connaissez
vous le capitaine Booth ? on dit pourtant
bien des choses sur ce pauvre hère,
qu'il a été marin, qu'il s'use les
yeux à regarder la lumière du soir
se refléter sur la Tamise, qu'il vit
dans une sombre bicoque du quartier
populaire de Chelsea au coté d'une
femme édentée au visage de sorcière.
Qu'il traîne du coté des bordels et
faits même des croquis licencieux
des putains. Mais que voulez-vous
l'amiral Booth est artiste à ses heures
perdues. Son autre hobby, c'est la
picole : un régime sec de deux litres
de lait et autant de rhum, bon pour
les artères et le moral. Jusqu'au
jour ou fatalement le Booth c'est
ruiné la santé. Par une journée de
décembre Booth est mort. C'est son
amie lady Eastlake qui annonça la
plus extravagante nouvelle à tout
le monde : derrière le masque de Booth,
l'ivrogne, se cachait en réalité le
si fameux, le si subtil peintre des
lumières TURNER.
Dans
son testament le peintre laisse a
l'état anglais 19 000 dessins, 200
tableaux achevés, 182 tableaux inachevés
et 140 000 livres pour la création
d'une "Société de bienfaisance,
de défense et de soutien des artistes
mâles pauvres et malades".
Aujourd'hui
à la Tate Gallery, le parquet conduit
à Bacon, la laine a Turner. les anglais
on fait en sorte que vos pas quittent
la cavalcade cirée des collections
du musée et s'enfoncent soudain dans
la moquette épaisse comme dans le
sable d'une plage. Hommage posthume
à la double vie de Mr Turner et Dr
Booth.
Turner
c'est artiste malade de son art, un
dessinateur hors pair, peintre admiratif
de Rembrandt, Raphaël, Watteau et
de Claude Lorrain, qu'il n'aura de
cesse de vouloir surpasser tout au
long de sa carrière il mêlera adroitement
les intrigues pour accéder à l'Académie,
il ouvrira même une galerie particulière
pour mieux vendre ses oeuvres. A 35
ans il est riche et célèbre, il parcourt
l'europe. Toujours soucieux du détail
et de la vérité. Il remplit des carnets
entiers de détails d'événements, de
paysage. D'une mémoire visuelle étonnante,
d'un coup de pinceau sûr suffisent
à transformer ces visions, en spectacles
apocalyptiques et enflammées.
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