William TURNER
1775/1851

le maître de la lumière

 

Avec ses navires ballottés sur la mer en furie, ses tempêtes, le disque flamboyant de son soleil couchant ou l'empourprement des nuages, l'artiste anglais a peint avant les impressionnistes les caprices de la nature. Ils lui reprochaient son romantisme exacerbé, mais il fut pour eux un guide de lumière.

Paysagiste influencé par Claude Lorrain. Il tendit surtout après ses voyages en Italie (1819-1828) à dissoudre les formes dans le frémissement de l'atmosphère et de la lumière.

Connaissez vous le capitaine Booth ? on dit pourtant bien des choses sur ce pauvre hère, qu'il a été marin, qu'il s'use les yeux à regarder la lumière du soir se refléter sur la Tamise, qu'il vit dans une sombre bicoque du quartier populaire de Chelsea au coté d'une femme édentée au visage de sorcière. Qu'il traîne du coté des bordels et faits même des croquis licencieux des putains. Mais que voulez-vous l'amiral Booth est artiste à ses heures perdues. Son autre hobby, c'est la picole : un régime sec de deux litres de lait et autant de rhum, bon pour les artères et le moral. Jusqu'au jour ou fatalement le Booth c'est ruiné la santé. Par une journée de décembre Booth est mort. C'est son amie lady Eastlake qui annonça la plus extravagante nouvelle à tout le monde : derrière le masque de Booth, l'ivrogne, se cachait en réalité le si fameux, le si subtil peintre des lumières TURNER.

Dans son testament le peintre laisse a l'état anglais 19 000 dessins, 200 tableaux achevés, 182 tableaux inachevés et 140 000 livres pour la création d'une "Société de bienfaisance, de défense et de soutien des artistes mâles pauvres et malades".

Aujourd'hui à la Tate Gallery, le parquet conduit à Bacon, la laine a Turner. les anglais on fait en sorte que vos pas quittent la cavalcade cirée des collections du musée et s'enfoncent soudain dans la moquette épaisse comme dans le sable d'une plage. Hommage posthume à la double vie de Mr Turner et Dr Booth.

Turner c'est artiste malade de son art, un dessinateur hors pair, peintre admiratif de Rembrandt, Raphaël, Watteau et de Claude Lorrain, qu'il n'aura de cesse de vouloir surpasser tout au long de sa carrière il mêlera adroitement les intrigues pour accéder à l'Académie, il ouvrira même une galerie particulière pour mieux vendre ses oeuvres. A 35 ans il est riche et célèbre, il parcourt l'europe. Toujours soucieux du détail et de la vérité. Il remplit des carnets entiers de détails d'événements, de paysage. D'une mémoire visuelle étonnante, d'un coup de pinceau sûr suffisent à transformer ces visions, en spectacles apocalyptiques et enflammées.